Résultats DEPHY 2020 : réduction des IFT stabilisée mais performance chahutée par le climat

A l’échelle de la ferme DEPHY Marne, la réduction des IFT (Indicateur de fréquence de traitement) est maintenue.

Les IFT hors herbicides (fongicide, insecticide et régulateur) sont de l’ordre de - 50 % par rapport à IFT de références.

Les IFT Herbicides sont de - 5 % par rapport à la référence historique 2012 et 2015. La réduction des herbicides sur blé, et colza est annulé par la hausse des IFT herbicides sur betteraves.

Mais la campagne 2020 restera plus délicate à cause de la pression ravageur particulièrement intense sur la grande majorité des cultures (virose sur blé, grosse altise sur colza, virose sur betterave et pucerons sur orge de printemps) sans parler des à-coups climatiques qui ont marqué fortement la productivité des cultures (gel début floraison des colzas et sècheresse sur orge de printemps et betterave).

Le bilan des performances économiques 2020 sera bouclé dans quelques mois lorsque les données sur les rendements seront consolidées.

Blé : réduction du poste phytosanitaire de 40 € par hectare

Malgré une réduction du poste herbicide de 30 %, nous n’avons pas noté de salissement préjudiciable sauf sur une exploitation. Cette exploitation en Brie a réduit fortement les cultures de printemps. Par contre, elle vient de s’engager à produire de la biomasse pour un méthaniseur. Nous allons suivre l’impact de l’exportation de CIVE d’hiver suivi d’un maïs sur la pression Ray Grass.

Leviers agronomiques : maintien des cultures de printemps et retard de date de semis

Depuis 2 ans, le retard de la date de semis entraine des implantations délicates avec les automnes humides. Parfois l’usage du glyphosate est nécessaire pour contrôler le faux semis. Dans certaines situations, des parcelles de blé n’ont pas pu être semées.

Le poste hors herbicide est réduit de 60 % par rapport à l’IFT de référence.

Le choix variétal de variété résistante, l’outil d’aide à la décision pour retarder le premier traitement, voire supprimer le troisième et une climatologie défavorable aux maladies permet de réduire le poste fongicide à 35 €/ha.

La régulation des blés est réalisée avec une demi dose de régulateur. Certaines fermes réalisent des impasses sur les variétés très résistantes à la verse. Un insecticide est maintenu à l’automne sur 50 % des blés qui correspondent au semis précoce.

Leviers agronomiques : Choix de variétés tolérantes aux maladies et à la verse. Semis tardif sur 50 % des blés

Colza : réduction du poste phytosanitaire de 30 € par hectare

Le poste herbicide est resté inférieur de 30 % par rapport à l’IFT de référence.

Différentes stratégies sont mises en place pour réduire l’usage des anti-dicotylédones racinaires : localisation couplé à du binage, réduction des traitements au semis voire impasse associé à des applications en post levée. Les anti-graminées racinaires sont maintenus dans les systèmes en non labour pour limiter la pression vulpin et ray-grass dans la rotation.

Leviers agronomiques : maintien des cultures de printemps et avancement de la date de semis

Le poste hors herbicide est réduit de 50 % par rapport à l’IFT de référence.

Contre le sclérotinia, une application unique est réalisée. Pour cette campagne, quatre fermes ont réalisé une impasse contre le sclérotinia, les conditions météo peu favorables et des colzas avec un très faible potentiel de rendement (gel et grosses altises) ont conduit à cette impasse. Un à deux insecticides sont réalisés. Le traitement contre le charançon de la tige est maintenu car nous n’avons pas de levier efficace.

Depuis l’année dernière, des traitements à l’automne contre la grosse altise, le charançon du bourgeon terminal et au printemps contre le méligèthe sont de nouveau appliqués. Les leviers alternatifs ne sont pas assez puissants face à la hausse de la pression des ravageurs.

Leviers agronomiques : Avancement de la date de semis et quelques parcelles avec des couverts associés mais efficacité insuffisante avec les fortes pressions insectes depuis deux ans.

Orge de printemps : réduction du poste phytosanitaire de 20 € par hectare

Le poste herbicide a peu évolué.

Certaines exploitations réalisent des passages d’herse étrille pour limiter le salissement. Seule une exploitation accepte l’impasse herbicide quatre années sur cinq. Pour les autres fermes, une application d’une hormone est maintenue pour contrôler la présence de vivaces (chardon, laiteron) ou les dicotylédones (chénopodes et renouées) que l’on retrouve dans la culture de betterave.

Leviers agronomiques et alternatives : Capacité d’étouffement de la culture et herse étrille

Le poste hors herbicide est maintenu à son minimum. Les enjeux sont très faibles. Pour la prochaine campagne, l’objectif du groupe est de supprimer l’usage de l’hormone contre la casse du col de l’épi. A suivre si la pression puceron est à nouveau d’actualité en 2021.

Betteraves : Stabilisation de la hausse du poste phytosanitaire à 25 € par hectare

Le cout du poste herbicide est stable.

La localisation des herbicides reste le levier le plus efficace mais il impacte fortement le besoin en main d’œuvre. Deux exploitations équipées d’une rampe traditionnelle 3 fois12 rang avec trace l’ont abandonné (soucis de santé et nouvelle activité complémentaire demandant de la disponibilité en main d’oeuvre). En revanche, deux exploitations cherchent à localiser leur herbicide avec un pulvérisateur grande culture couplé à des semis avec du guidage RTK.

Mais l’ IFT a augmenté de plus de 1 IFT. Cette hausse est la conséquence principale d’une modification de la dose d’homologation des « venzars ». Elle est passée de 1Kg à 0.156 kg en 2018 pour tous les « venzars ».

Leviers agronomiques  et alternatives : Traitements localisés et binages

On subit le poste hors herbicides. Après deux campagnes avec une forte pression cercosporiose combinée à une baisse des efficacités des programmes (retrait de matière active et résistance), les IFT fongicides ont augmenté de 50 % malgré le choix de variétés tolérantes. Aujourd’hui des variétés plus résistantes existent mais elles ont un niveau de productivité jugé non satisfaisante par les agriculteurs des fermes DEPHY.

La pression des ravageurs est aussi en hausse. Après trois campagnes avec une activité des teignes en hausse, les fermes DEPHY rencontre aussi la problématique puceron. Le cout a été fortement limité grâce à la localisation des insecticides avec des efficacités similaires au traitement en plein.

Leviers agronomiques : Choix de variétés partiellement tolérantes aux maladies. Pas de levier efficace connu à ce jour contre les insectes