Reliquats azotés 2022 : préparez votre plan prévisionnel de fumure

Le 17 février dernier le comité azote de la région Champagne-Ardenne s'est réuni pour valider la synthèse annuelle des valeurs de reliquats sortie hiver (RSH) pour l'année 2022. En complément des reliquats effectués sur les exploitations, ces références permettent de réaliser les plans prévisionnels de fumure (PPF) et ainsi calculer la dose d'azote à apporter par culture.

Comme chaque année, une variabilité des reliquats existe entre types de sols, précédents et apports organiques réalisés, et la synthèse annuelle a pour objectif de prendre en compte l'ensemble de ces éléments pour ajuster au mieux les doses conseils 2022.

Retour sur la météo

Une fois n'est plus coutume, les années se suivent et ne se ressemble pas. En effet, l'été 2021 a été marqué par de fortes précipitations  et des températures plutôt "fraiches" pour la saison. Cela a sans doute impacter la minéralisation du sol, mais a surtout permis un développement normal, voire excessif dans certains secteurs, des couverts et des colzas.

Si l'été est qualifié d'humide, l'automne lui est plutôt en léger déficit hydrique. Les semis d'automne n'ont que très peu été perturbés par la pluie et les températures dans les normales de saison permettent aux végétaux de poursuivre leur croissance sereinement. C'est en décembre que les pluies font leur retour et permettent une reconstitution de la réserve hydrique du sol totale début janvier (hormis pour le centre de l'Aube).

En ce qui concerne ce début d'année 2022, elle peut être qualifiée de chaude et sèche. En effet, seule la première semaine de janvier a été abondamment arrosée, mais depuis les pluies se font plus discrètes (46 mm contre plus de 100 mm en 2021).

Quelques particularités de cette campagne de reliquats

L'effet des cultures intermédiaires n'est pas flagrant sur les valeurs de reliquats, mais en regardant pour des cultures de printemps précédés d'une CIPAN (Culture Intermédiaire Piège à Nitrates), nous pouvons observer en moyenne 15 unités d'azote en moins que pour des situations identiques sans CIPAN. Donc même s'il est difficile à évaluer, les CIPAN semblent malgré tout avoir joué leur rôle.

De même que lorsqu'on regarde les reliquats pour des colzas, nous constatons qu'il ne reste que très peu d'azote dans les sols. Avec des biomasses en moyenne de 1.5 kg/m² en entrée d'hiver, le colza a pu capter déjà un certain nombre d'unité d'azote n'en laissant que très peu dans les sols. D'ailleurs en cette sortie d'hiver, nous pouvons voir dans la plaine les colzas rougir indiquant un début de faim d'azote.

Absence de lessivage sur le mois de janvier

Comme indiqué précédemment, les pluies du mois de janvier ont été plutôt faibles par rapport à 2020, ce qui a permis de limiter les fuites en azote. Ainsi les valeurs de reliquats n'évolue que très peu entre des prélèvements de début janvier et ceux de mi-février.

En revanche en comparant des valeurs de reliquats début drainage (RDD) effectuées début décembre avec ces mêmes valeurs de RSH réalisées fin janvier, nous avons pu constater une diminution de l'azote dans le sol. Une partie de cet azote disparu a sans doute été lessivé, mais il est fort probable qu'il ait été remobilisé dans le sol.

Quelles conséquences les cultures ?

Pour des céréales d'hiver et notamment du blé, les reliquats étant plus importants que l'année passée il est à envisager que votre dose conseil soit plus faible qu'habituellement. Au vu du contexte actuel du prix de l'unité d'azote et du cours du blé le pilotage du blé est une option qui devient presque nécessaire.

Concernant les colzas, la dose conseil va être fortement liée à la biomasse du colza et à l'objectif de rendement. La culture étant bien plus développée, elle a déjà absorbé une partie de ses besoins et donc la dose à compléter en sortie d'hiver devrait être moins importante que d'habitude. Cette notion de biomasse est vraiment à intégrer dans nos raisonnements de dose d'azote cette année !

Pour des orges de printemps, il ne devrait pas avoir beaucoup de différence avec la campagne 2021. Et pour les betteraves, les RSH en terre de craie sont un peu plus importants que l'année passée, si peu qu'il y ait de la matière organique d'apportée, la dose conseil ne devrait pas être très élevée voire nulle. Ne pas oublier que la betterave est une culture estivale et qu'elle sera capable de valoriser la minéralisation du sol de l'été.

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