L'Agroécologie d'ici et d'ailleurs
L’agroécologie, c’est une façon de concevoir l’agriculture en s’appuyant sur l’écosystème local. Son objectif est double : nourrir la population, tout en préservant les ressources naturelles. Et c’est ce thème qu’avait décidé de décliner la Chambre d’agriculture de la Marne à l’occasion d’une conférence débat organisée le 9 janvier dernier à Châlons-en-Champagne.
Cet événement a suscité la curiosité de 150 participants, tous désireux d’en savoir plus sur le concept et de connaître ce qu’il se fait d’ores et déjà localement mais aussi aux quatre coins du monde.
12 expériences de voyage : « des ingrédients pour créer sa propre recette »
A l’occasion de cette conférence, Opaline Lysiak, ingénieure agronome, a partagé 12 réflexions de voyage qu’elle a réunies lors de son projet de tour du monde des Agron’Hommes, avec pour objectif de faire découvrir d’autres systèmes de production agroécologiques. Ce fut autant de contextes naturels, climatiques, culturels, politiques et sociaux, que de stratégies adoptées par les agriculteurs pour faire de leur sol une véritable terre fertile ! Et concrètement ? On retrouve les couverts végétaux en interrangs dans la lavande et la pratique de semis direct, pour lutter contre l’érosion et maintenir l’élevage de chèvres en Afrique du sud… ou encore l’éloge de la place de l’arbre dans les paysages agricoles en République Tchèque.
Opaline insiste sur l’intérêt d’une gestion holistique de l’exploitation, en tenant compte des valeurs de l’agriculteur. Selon Randal Breen, éleveur de poules, cochons, vaches en Australie « La gestion holistique nous donne une compréhension profonde du fonctionnement de la nature dans sa totalité pour maximiser les interactions entre animaux et régénérer l’environnement ».
Un challenge pour Nicolas Lefevre de régénérer un petit bout de planète ?
Nicolas Lefevre, agriculteur belge en Roumanie, est également venu témoigner de son expérience. Il conduit aujourd’hui 1 600 ha en agriculture biologique avec du travail du sol simplifié. Initialement en conventionnel, il a transformé ses stratégies pour avoir un système plus résilient face aux perturbations climatiques et aux évolutions de son environnement socio-économique. En effet, il affirme que « l’innovation fait partie du métier des agriculteurs ». Il poursuit continuellement ses recherches pour améliorer son système : il teste, évalue, réajuste la technique, et une fois approuvée, il lui attribue une place dans son système, comme ce fut le cas avec le Relay Cropping.
Nicolas a insisté sur l’importance du rôle des réseaux sociaux et des collectifs dans la transition agroécologique, au travers de la capitalisation des expériences : il est l’un des fondateurs de l’association d’agriculteurs AIDER et de l’application Landfiles, qui est une plateforme pour partager les données d’essais agroécologiques par les agriculteurs.
La capitalisation des expériences, l’enjeu de demain ?
Ces témoignages ont ensuite donné lieu à un échange entre agriculteurs, acteurs de l’enseignement agricole, conseillers, qui se sont réunis autour d’une table ronde pour alimenter le débat sur l’agroécologie et la diffusion de ses pratiques dans la Marne. Ils se sont tous accordés sur l’idée que la capitalisation des expériences et des savoir-faire est un enjeu, de par :
- le recours aux réseaux sociaux (Twitter, Whatsapp, Facebook)
- l’implication des agriculteurs dans des groupes innovants (GEDA, Dephy, groupe 30 000, GIEE,...), avec la nécessité de partager un objectif, de le traduire en plan d’action et d’évaluer les résultats. Cette démarche scientifique doit se coupler à des compétences d’animation, tenant compte des sciences molles (psychologie, sociologie, pédagogie), pour accompagner la réflexion d’un agriculteur ou d’un collectif.
- la construction de projets permettant de renforcer le lien entre la recherche, l’enseignement et les acteurs du terrain. En effet, ces projets peuvent apporter aux agriculteurs des réponses à leur question et favoriser leur implication dans l’apprentissage des générations futures. Nous retrouvons la ferme TERRALAB à Bétheny, le projet « Les sentinelles de l’innovation » porté par la Chambre d'agriculture Grand Est, ou encore celui des Agron’Hommes, développé par Opaline Lysiak.
Et vous, comment vous impliquez-vous dans l’agroécologie au quotidien ?
Plus de 600 agriculteurs appartiennent déjà à des groupes innovants animés par la Chambre d’agriculture de la Marne. Groupes d’étude et de développement agricole (GEDA), agriculture de conservation, microdose… les thématiques de réflexion sont variées et correspondent toujours à des besoins identifiés par les agriculteurs. Les objectifs de ces groupes : échanger, apprendre et innover dans vos pratiques.
Alors si vous aussi vous souhaitez rejoindre l’un des 16 groupes innovants suivis par la Chambre d’agriculture ou si vous avez d’autres idées de thématiques de travail, contactez-nous au 03.26.64.08.13.
LES GROUPES INNOVANTS suivis par la Chambre d'agriculture
10 GEDA | Groupes d'Etude et de Développement Agricole | 550 agriculteurs adhérents |
Le groupe DEPHY | Systèmes de culture économes en phytosanitaires | 14 agriculteurs |
Le groupe Envie de Sol en Vie | L’Agriculture de conservation en Argonne, une voie de réduction des intrants et d’amélioration de la compétitivité des exploitations | 16 agriculteurs |
Le groupe Terre de Vers | Système de culture économe en intrants en semis direct dans le Sud-Ouest de la Marne | 11 agriculteurs |
Le groupe Microdose | Gagnons en indépendance par rapport aux fongicides, dans le Sud-Ouest de la Marne | 11 agriculteurs |
Le groupe Agriculture et Biodiversité autour de Tilloy-et-Bellay | Projet agroécologique sur le Bassin de la Cassine | 16 agriculteurs |
Le groupe Pulvé | Optimiser l’utilisation des produits phytosanitaires par le recours des techniques de pulvérisation | 12 agriculteurs |
La conférence "L'agroécologie, les expériences d'ici et d'ailleurs"